PAYSAGES DE LA CAHC
UN TERRITOIRE AU COEUR DU BASSIN MINIER
La Communauté d’Agglomération Hénin Carvin se situe au coeur du bassin minier du Nord Pas-de-Calais. Le bassin minier est intimement lié à un contexte géographique et géologique particulier, ayant conduit à deux siècles et demi d’histoire de l’extraction minière, histoire dont les paysages de la CAHC gardent encore de nombreux stigmates.
Le Bassin minier du Nord-Pas de Calais est à l’extrémité occidentale du bassin charbonnier européen continental.
Après celui de la région de la Ruhr (Allemagne), il est le plus étendu d’Europe du Nord-Ouest, avec 120 kilomètres de long, 12 kilomètres de large et plus d’un kilomètre de profondeur.
Associé à un relief généralement très peu marqué, son exploitation a favorisé un étalement linéaire important de l’emprise foncière de l’activité minière (cités, fosses, réseau de cavaliers, etc), exploitation qui a suivi le sillon charbonnier d’Est en Ouest, rompant avec la géomorphologie de surface dicté par les vallées fluviales.
Aujourd’hui encore, ces éléments liés à l’exploitation minière sont autant de témoins visibles d’une intense activité souterraine qui dura de la moitié du 18ème siècle à la fin du 20ème siècle.
2. Une dynamique de reconquête d’un patrimoine encore sous-valorisé
Depuis une quinzaine d’années, un processus de mise en valeur progressive des éléments liés à l’exploitation minière est à l’oeuvre. Cette combinaison de dynamiques, basées sur une reconquête environnementale, mais aussi patrimoniale et culturelle de ces éléments, tendent progressivement à améliorer la qualité de vie sur l’ensemble du bassin minier, et participent activement au changement de son image.
La patrimonialisation de l’héritage culturel minier
La représentation de l’héritage minier va évoluer en une quinzaine d’années, et passer d’une vision de « séquelle », à celle d’un héritage puis à celle d’un patrimoine culturel.
Engagé dès le début des années 2000, ce processus de patrimonialisation va se trouver renforcé le 30 juin 2012 avec l’inscription du bassin minier au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO au titre de « Paysage Culturel Evolutif vivant». Trois enjeux sous-tendent cette politique de mise en patrimoine : celui de la reconnaissance de l’héritage minier (patrimoine matériel et immatériel) comme fondement culturel du territoire et de la Région, celui de contribuer au changement d’image du territoire qui pâtît encore, vingt après la fermeture du dernier puits de mine, d’une image dévalorisée, et enfin celui de favoriser la place de la culture et du patrimoine minier et industriel au sein de dynamiques de développement local et régional.
« Les terrils montrent bien qu’il ya une réversibilité, à l’époque quand on voyait les terrils on se disait"Qu’est-ce que ces que ces trucs pourris ? " Et puis on voit bien que ça devient au contraire des zones accueillantes pour les gens.»
D’autre part, la désignation par l’État, en novembre 2004, de la ville de Lens comme ville d’accueil du nouveau Louvre constitue également un choix d’aménagement du territoire très symbolique et illustre la volonté de faire émerger une économie touristique, secteur d’activité générateur d’emplois directs et indirects et vecteur d’image positive et d’attractivité.
De plus, face à ces grandes politiques de patrimonialisation, la Mission Bassin Minier, pouvant être considérée comme faisant l’interface entre l’échelon régional et le bassin minier, cherche également à favoriser la politique de mise en patrimoine en valorisant les caractéristiques urbanistiques et architecturales locales liées à l’exploitation minière. Mais au-delà d’une simple mise en patrimoine et d’une logique muséographique, elle tend à faire résonner patrimonialisation et passage du gris au vert, notamment à travers la reconversion des cités-minières.
Portée par la Mission Bassin Minier, une politique de reconversion des cités ouvrières est à l’oeuvre, visant à préserver les logiques urbanistiques et architecturales d’implantation des cités tout en intégrant des éléments environnementaux et paysagers qualitatifs. Bien que la Mission se sente parfois esseulée dans l’accompagnement de la reconversion de l’habitat minier, les cités ouvrières sont aussi engagées dans la transition du gris au vert et constituent un élément supplémentaire de cet élan.
La région porte aussi actuellement un projet de classement de 79 terrils d’ici 2015, soit 1900 hectares, au titres des sites (sites classés dits «loi 1930»). Ce classement devrait s’étendre dans un second temps aux étangs d’affaissement et au réseau de cavaliers, témoignant là encore de la volonté de l’État de protéger fortement ces éléments de patrimoine.
Projet de classement des terrils. Source : DREAL NPDC
Sur le territoire de la communauté d’agglomération d’Henin Carvin, la reconversion de la fosse du 9/9 bis en lieu de créativité et d’activité (musique, tourisme d’affaire, excellence logistique) témoigne de cette nouvelle ambition et d’une perception positive de ce qui constituait auparavant un handicap, illustré ci-dessous dans la description des éléments venant désormais qualifier l’attractivité touristique du bassin minier par un organisme de promotion touristique :
DES PROJETS DE REHABILITATION DU PATRIMOINE MINIER SUR LE TERRITOIRE :
- Exemple d'aménagement des anciens cavaliers en circuit doux (Leforest, Evin-Malmaison et Ostricourt)
http://www.douaisis-agglo.com/fileadmin/CAD/s_informer/topoguides/Topoguide_3_Cavaliers.pdf
- Exemple transformation d'une fosse en lieu hybride et multi culturel : le 9/9 bis (Oignies)
http://www.euralens.org/fileadmin/user_upload/Agenda/gds-RV/METAPHONE_FLYER_VD.pdf
- Exemple de création d'un musée au rayonnement national : Le Louvre-Lens (Lens)
Cependant, une difficulté de la mise en place de cette politique de reconversion tient au déséquilibre des représentations sociales des terrils en eux-mêmes.
Les terrils sont en effet soumis à une double lecture sociale : pour les habitants lillois, les terrils sont représentés comme des « verrues » dans le paysage, alors que les habitants du bassin minier les considèrent comme des « outils de travail », reliquats de la période révolue de l’exploitation minière.
On comprend alors la difficulté à partager une politique de reconversion et un projet de territoire à l’échelle de l’aire métropolitaine de Lille.
« Ce qu’il y a de bien dans le bassin minier, c’est le paradoxe ! Du noir, on passe au vert, du souterrain de la mine, si profonde, on passe au ciel, en grimpant en haut d’un chevalet ou d’un terril ! Tel un aventurier à l’assaut d’une mine d’or, j’aime partir explorer ce vrai terrain d’aventure de tous les temps : d’abord l’aventure humaine, puis industrielle et maintenant sportive pour le randonneur que je suis ! »
Source : portail de promotion touristique « J’aime le Nord » : http://www.tourisme-nord.fr
Le site du 9-9 bis : un lieu de créativité et d’activité bâti sur les cendres de l’exploitation minière.
«L’image du bassin minier depuis la métropole, c’est plutôt les terrils, les corons tristes, etc... Même si avec le Louvre Lens, les gens commencent à comprendre qu’il y a aussi un aspect culturel.»
Atlas des patrimoines du bassin minier. Capture d'écran de la carte interactive.
Atlas des patrimoines du bassin minier. Capture d'écran de la carte interactive.
Unité de gestion du territoire : la compagnie minière.
Unité de gestion du territoire : la compagnie minière.
Le découpage du territoire par les compagnies minières
L’exploitation minière, un bouleversement majeur des paysages du territoire
Dès le 19e siècle, la logique d’aménagement « fosse-terril-cité » s’est imposée comme unique schéma de développement du Bassin minier, en rupture avec l’organisation agricole traditionnelle prédominante jusqu’alors.
Il s’agit en réalité d’un véritable bouleversement par rapport au fonctionnement territorial traditionnel. Les bourgs, historiquement ruraux et composés de fermes d’exploitation, se voient modifiés et de nouvelles centralités urbaines sont créées, en lien avec le développement de l’activité minière : les fosses d’extraction et les terrils, couplés de cités ouvrières.
1. Héritage d'un paysage industriel témoin du fonctionnement des exploitations minières
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De nombreuses études riches et diversifiées sur le patrimoine minier à l'échelle du Bassin Minier sont consultables sur les sites web suivants :
Réseau de cavaliers
Exploitations minières
Cités ouvrières
Terrils (longs ou coniques)
« J’aimerais qu’il y ait plus de belles choses dans nos communes. On a le patrimoine minier qui est là. Il faut pas oublier nos parents, nos grands-parents. A part des chevalets qu’on a gardé par-ci, par-là, j’ai l’impression qu’on essaie d’effacer un peu tout ça. A part à Oignies, à l’ancien puits de mine, ils ont fait des trucs. Mais j’ai l’impression qu’on oublie nos anciens. Il faut vivre vers l’avant, mais il faut aussi garder tout ça. »
« L’image du bassin minier depuis la métropole, c’est plutôt les terrils, les corons tristes, etc. Même si avec le Louvre Lens, les gens commencent à comprendre qu’il y a aussi un aspect culturel. »
Sites inscrits au patrimoine de l'UNESCO et périmètre de gestion. Source : Mission Bassin Minier
texte
Le regard des acteurs
Usines sidérurgiques (Metaleurop)
CARVIN
LIBERCOURT
OIGNIES
LEFOREST
EVIN-MALMAISON
COURRIERES
MONTIGNY-EN-GOHELLE
HENIN - LIETARD
DOURGES
NOYELLES-GODAULT
COURCELLES
BEAUMONT
BOIS-BERNARD
DROCOURT
ROUVROY
Le motif paysager de issu de l'ère industriel : schéma d'organisation fosse d'exploitation / cité minière
Cavaliers
(pour le transport)
Terril
(minerai non exploitable)
Puit d'extraction
Chevalement
(pour l'accès)
FOSSE D'EXTRACTION
CITE MINIERE
Maisons des ouvriers
Maisons des responsables
Jardins ouvriers
Equipements
(école, église, centre de soins, etc.)
Légende
(cliquer pour agrandir)
Mise en valeur du patrimoine culturel hérité de l'ère industrielle minière
Source : Passeurs - IGN interprétée